dimanche 16 novembre 2008

- Penser et représenter l'Europe -

La conférence qui avait pour thème penser et représenter l'Europe, a
pu montrer par différents intervenants très intéressants que l'Europe
que l'on veut construire peut être très différente. Sur la définition
même de l'Europe, des questions se posent ; est-ce une Europe grâce à
la géographie, auquel cas l'Islande n'en ferait que partiellement
partie en ce que la dorsale sous marine divise le pays en deux, d'un
coté l'Islande serait européenne, de l'autre non et qui pose le
problème bien connu de la Turquie. L'Europe serait-elle en revanche
définissable grâce à l'unité de la culture, de l'histoire et de la
langue qui devrait la caractériser ? Ne pourrait-elle pas être une
construction pour contrer quelque chose d'autre, l'Europe d'Adenhauer
a par exemple été construite contre le marxisme.
Après cette question de définition de l'Europe, se pose la question de
ce que l'on veut faire de cette Europe, c'est une question qui découle
de la première. En effet, pour les Etats-unis, l'Europe est vue comme
le vieux continent et pour les Chinois comme un bloc. La question est
de savoir non seulement ce que pensent les autres pays, non européens,
de l'Europe mais ce que veulent les européens eux mêmes. Or ces
derniers ne le savent pas eux-mêmes, une hésitation entre l'Europe
politique, sociale ou économique est toujours présente et freine
l'établissement de cette Europe qui fonde pourtant tant d'espoirs.
L'Europe nous apporte des avantages évidents, avec par exemple les
syndicats européens, ou la création de l'Euro qui permet aujourd'hui
de faire face à la crise financière que l'on connait, l'Euro a permis
que les pays européens qui y adhèrent ne coulent pas les uns après les
autres, ou du moins pas tout de suite. Les apports que l'on peut
actuellement constater ne sont malheureusement plus suffisants
aujourd'hui, chacun attend quelque chose de l'Europe et cette chose
n'est jamais la même. Au niveau national, les pays n'attendent pas la
même chose de l'Europe, on peut par exemple penser à l'exception de la
Grande Bretagne, bénéficiant toujours d'un statut particulier, mais à
l'intérieur même des pays, les citoyens n'attendent pas la même chose
de l'Europe. On en arrive à une incompréhension de l'Europe qui mène à
un refus de son évolution comme en témoigne le refus de ratification
du traité constitutionnel par plusieurs pays et le refus de
ratification du traité de Lisbonne par l'Irlande. La construction
européenne est donc nécessaire mais très difficile d'autant plus si
l'on ne cesse d'ouvrir les portes à cette union de pays.
Les intervenants ont été très intéressants et complets dans leurs
interventions, ils ont bien définis les problèmes contemporains que
rencontrent les citoyens européens mais n'ont pas pu apporter de
solution puisque c'est à chacun de s'intéresser à l'Europe et de se
forger une idée sur elle, de savoir ce que l'on en attend d'elle pour
permettre une évolution et une action européenne. C'est ensuite du
rôle des politiques de mettre en œuvre la volonté de la nation; de
l'unifier, pour pouvoir représenter cette vision internationalement.
C'est ainsi que l'Europe pourra se construire et être aussi efficace
que tout le monde le souhaite !

samedi 15 novembre 2008

Historiens à Libération : des journalistes d'un jour ?



Jeudi 9 Octobre, les historiens étaient à l'honneur à la rédaction de Libération pour la réalisation du Libé des Historiens. Parmi eux, Fabrice d'Almeida, Gilles Pécout et Isabelle Veyrat Masson. Trois historiens, trois visions et trois ressentis, pas toujours si éloignés les uns des autres, d'un même événement.


Didier Pourquery (cf Entretiens avec Didier Pourquery, directeur délégué de la rédaction) avait déjà expliqué auparavant que s'établissait un rapport de négociation entre les journalistes et les
historiens.
Il faut dire que pour les historiens, l'exercice n'est pas habituel. Se contenter d'une moyenne de 4000 signes par articles alors qu'ils ont l'habitude d'écrire plusieurs pages sur un seul sujet en
plusieurs jours, on ne peut que comprendre leur inconfort dans ce travail. D'où l'aide des journalistes, pour qui se genre de travail n'est qu'une formalité. Gilles Pécout dira que « le rapport au temps est différent » et donc que « l'urgence déculpabilise ». Isabelle Veyrat Masson quant à elle se prêtera même au jeu en faisant « une conclusion un peu journalistique ». Et elle avoue : « je ne l'aurai pas fait dans un article scientifique ». Les historiens joueraient-ils aux journalistes ? Même si cela aurait pu être le cas, ça ne l'est pas. Car les journalistes ont préservé leur rôle : correction, modification des textes, accroches, titres.. ils veillent sur tout ce qui fait le squelette d'un article journalistique. Ce qui valut de petits désaccords entre ces collaborateurs d'un jour. On comprend alors mieux ce rapport de négociation dont parlait le directeur délégué alors que Fabrice d'Almeida parlait quant à lui de « contraintes ».


Gilles Pécout et Fabrice d'Almeida




Celui-ci a un regard assez critique (et expérimenté) sur la collaboration entre historiens et journalistes. Cet invité récurrent d'Yves Calvi dans C dans l'air commence à connaître les rouages de la communications et des médias : « la collaboration peut être minimale
et sans grande complicité. Mais en participant souvent à certaines émissions, on crée une relation de complicité et de confiance ». Mais les relations avec les journalistes peuvent aussi être d'ordre plus conflictuel : « on peut parfois vouloir vous faire dire plus que vous ne le voulez ». Isabelle Veyrat-Masson ira plus loin : « On se sent trahi par la communication : elle resserre la pensée, la durcit, et finalement la trahit ». D'où ce besoin réciproque à Libération de
négociation entre les deux parties, signe d'un grand respect pour la profession et le travail de chacun. Isabelle Veyrat-Masson


Les Historiens participant à ce numéro du Libé ne gagnaient pas un sou en inscrivant leur nom en dessous de leur précieux article. Mais leur motivation était tout autre que pécuniaire. Car en inscrivant leur nom dans un quotidien national, ils s'assurent autant d'une possible notoriété publique que d'une reconnaissance académique. « L'Historien gagne en identité » dira Fabrice d'Almeida. Ainsi, il se voit plus facilement inséré dans des réseaux très fermés et très souvent sollicités par divers médias. Un cercle vertueux pour les uns, et vicieux pour les autres puisque, pour reprendre l'expression d'Isabelle Veyrat-Masson, « la notoriété engendre la notoriété » et de ce fait exclu tout ceux qui ne sont pas intégrés dans un réseaux. Mais une fois cette fameuse notoriété acquise, reste à savoir comment elle va être utilisé : pour la postérité ou pour faire passer ses idées ? Pour Gilles Pécout, pas de doute : participer au Libé des Historiens permet de « faire passer des idées auxquelles on croit », avant même de penser à une ouverture vers une éventuelle notoriété.


Même si leur motivations et leur appréhensions pouvaient être sensiblement différentes, tout ces historiens n'ont pas caché leur plaisir d'être les hôtes de Libération. Tandis que d'Almeida « conçoit cet exercice comme un amusement », Veyrat-Masson ressent quant à elle « une satisfaction narcissique » à participer à ce numéro.
Plaisir d'être connu, plaisir d'être reconnu et plaisir de partager ses expériences et ses connaissances, voilà peut-être comment résumer cette journée à Libération pour ces historiens.

vendredi 14 novembre 2008

Etude sociologique, non exhaustive, des RDV de l'hitoire de Blois

- Compte rendu des questionnaires aux personnes interrogées aux RDV de l’Histoire de Blois. -
Les quelques personnes que j’ai interrogées dans les files d’attentes(parfois nombreuses et longues) étaient des professeurs d’histoire géographie ou des retraités. Pour les deux premiers professeurs interrogés, ce n’était pas la première fois qu’ils venaient, l’un venait depuis quatre ans et l’autre depuis trois. Pour la personne retraitée, c’était la première fois. Tous les trois étaient ravis de cette expérience. Les deux premiers, professeurs, habitaient Paris oula région parisienne et la personne retraitée vivait quant à elle dans la région d’Orléans.
Pour les deux premières personnes, professeurs venant de Paris, ils avaient eu connaissance de cet événement par courrier pour l’un d’entre eux et par le bouche à oreilles des collègues de travail pour l’autre. La personne retraitée quant à elle avait eu connaissance de cet événement par une amie avec qui elle était venue et avec qui elles se partageaient les conférences pour se faire un compte rendu entre elles dans les files d’attentes...
Ces trois personnes sont restées respectivement quatre, trois et deux jours, le premier professeur logeait à l’hôtel avec son épouse à Blois, (ce qui permet des retombées économiques pour cette ville grâce à un événement de telle ampleur !) le deuxième rentrait à Paris par le train et enfin la personne retraitée restait dormir chez son amie à Blois.
Les trois personnes interrogées ont apprécié l’organisation assez bien faite pour un événement aussi grand malgré les heures d’attentes pour une conférence parfois. Elles ont apprécié la qualité des conférences et la diversité des sujets traités.

Ainsi, avec cet échantillon de trois personnes interrogées, deux sont professeurs et une est retraitée, cela montre assez bien les personnes présentes à cet événement. Dans la majorité, les professeurs sont présents parce qu’ils sont la cible de la publicité de cet événement, professeurs d’université comme de secondaire puisque dans mon étude,les deux étaient représentés. Les personnes retraitées sont également présentes et notamment le jeudi et le vendredi. En revanche, d’autres personnes sont évidemment présentes lors de cet événement mais ne sont pas représentées dans mon étude, il s’agit des étudiants, pourtant nombreux cette année à cause du thème annuel qui se rapprochait du thème d’étude du CAPES ainsi que les élèves de secondaire, pourtant présents notamment le jeudi et le vendredi. En outre, les familles bien présentes le weekend ne sont elles aussi pas représentées dans mon étude mais bien présentes dans les faits.
Cette étude n’est donc évidemment pas exhaustive mais montre tout de même la proportion des professeurs à cet événement. Certaines conférences sont d’ailleurs clairement tournées vers eux avec par exemple l’une d’entre elles qui avait pour but de trouver comment faire pour que les élèves retiennent ce que les professeurs leur apprennent, des cartes de géographie pour les classes étaient en vente. Le public ciblé était donc en partie les professeurs. Il n’était évidemment pas le seul et de nombreuses conférences, la majorité d’entre elles, ne leur étaient pas précisément destinées. C’est ce qui permet d’attirer un public aussi large, bien que le point commun des personnes présentes soit tout de même qu’elles sont assez intéressées par l’histoire ou le thème des européens pour venir à cet événement tout le weekend ou une bonne partie de celui-ci.
L'attirance crescendo pour cet événement démontre donc la qualité des conférences puisque les personnes présentes ne viennent pas nécessairement de Blois, dans mon étude aucune d’entre elles n’était originaire de Blois, et sont prêtes à rester dans une file d’attente en plein soleil pendant plus d’une heure parfois, pour assister à l’une des conférences.

- L'Europe puissance, mythe, utopie ou réalité? -

Cette conférence, pour laquelle une autre étudiante dans le même UEL que moi et moi-même avons attendu 1heure30 dans une file d’attente pour rentrer dans le fameux hémicycle valait la peine d’attendre ! Elle était organisée par de nombreux intellectuels et personnages politiques ce qui la rendait passionnante mais parfois difficile àsuivre…
Les conférenciers présents ont posé les problématiques essentielles de l’Europe à savoir, définir ce que l’on veut en faire. Tout le monde veut d’une Europe puissance mais est elle possible et est elle réalisable ? Les données de base qui ont étaient annoncées dés les premières minutes de la conférence ont été celles de dire qu’une Europe puissance était une réalité du point de vue économique et financier. En effet, on connaît aujourd’hui la valeur de l’Euro par rapport à celle du dollar par exemple. L’Europe puissance est une utopie en matière de politique intérieure puisque chacun souhaite en réalité défendre l’Etat nation et chaque pays souhaite une politique européenne intérieure identique à celle de son pays. Enfin, l’Europe puissance est une utopie en matière de politique étrangère. Il peut par exemple être cité le cas, malheureusement bien connu, de la mésentente sur la participation à la guerre en Irak ou encore à propos du conflit géorgien, plus récent. Une fois ces données de base établies, la conférence a « commencé sérieusement » mais les conférenciers n’ont fait en réalité qu’étayer ces trois données debase.
Cette conférence de haute volée a parfois été difficile à suivre,surtout à l’heure de la digestion et après 1heure ½ d’attente… mais a été passionnante dans son ensemble en ce que les intervenants étaiente xtrêmement intéressants et faisaient des références pertinentes à den ombreux éléments. Les références étaient cependant compréhensibles et reconnaissables par tous parfois mais ceci n’était pas tout le temps le cas, ce qui est un peu regrettable pour une conférence qui s’inscrit dans un événement qui a pour but de vulgariser l’histoire. Mais une conférence de cette catégorie permet de remettre les grandes idées en place, de comprendre les mécanismes dans leurs grandes lignes et de mieux percevoir les enjeux du monde qui nous entoure. Cet événement a donc permis de revenir sur l’essentiel par des intellectuels qui expliquant très bien les enjeux en question et d’approfondir des questions plus délicates que certaines personnes pouvaient saisir si elles bénéficiaient d’un bagage culturel suffisant.
Etant sortie de cette conférence fatiguée par l’attention qu’elle demandait mais ravie par la compréhension et la remise à niveau qu’elle m’avait apportée, je pense que les organisateurs des RDV de l’histoire et de cette conférence en particulier ont correctement rempli leur mission de vulgarisation de l’histoire d’un coté mais d’approfondissement de l’autre, sans négliger la qualité des interventions.

- Faut il en finir avec la Cinquième République? -

Etant étudiante en droit, en voyant le titre de cette conférence, je m’attendais plus ou moins à un cours constitutionnel sur la cinquième République et sur les besoins de son évolution par rapport auxinstitutions connues avant. En réalité, François Bayrou était l’un des invités et la conférence m’est apparue comme une conférence politique où François Bayrou exposait son point de vue politique, presque son programme d’élection des élections présidentielles de 2007, alors qu’un autre homme politique de droite exposait les nécessités de conserver les institutions de la cinquième. Au milieu, deux historiens tentaient de concrétiser et d’étayer le débat avec des exemples historiques.
La conférence, bien que n’étant pas du tout ce à quoi je m’attendais, m’a intéressée dans le sens où elle m’a permis d’avoir des arguments valables pour garder la cinquième République alors que la tendance est toujours au changement et à l’effacement des institutions antérieures pour construire quelque chose de nouveau. L’intervention des historiens dans un débat politique comme celui-ci permettait une relativité de la volonté imminente des hommes politiques de tout changer.Cette conférence m’a donc apportée une critique plus ou moins fondéede la vision de la politique de François Bayrou par des historiens et un homme politique de droite. En effet, aucune analyse correctement fondée de sa politique ne m’avait été faite auparavant et cette conférence m’a permis de me forger un point de vue probablement plus objectif, ayant pu écouter des intervenants qui ont argumenté en faveur ou non d’une redéfinition de la cinquième République et d’une refonte totale ou non des institutions.
Cette conférence bien que très intéressante, m’a essentiellement parue politique et dans un but de convaincre l’auditoire de ceta mphithéâtre d’une idée politique alors qu’elle avait lieu dans le cadre des RDV de l’Histoire. Bien que cela ne m’ait pas dérangé puisque j’ai pu avancer dans ma conviction politique personnelle,certains auraient pu critiquer un manque d’histoire dans cette conférence. Cela n’est pourtant probablement pas dû au sujet à tendance politique puisque la conférence de la veille dont le sujet était « qu’est qu’une vrai réforme ? » n’avait pas eu cet aspect, le débat ayant permis une véritable analyse critique avec des références historiques intéressantes. Cette différence tient donc peut être aux intervenants qui contrairement à la conférence de la veille, avaient encore le pied à l’étrier et des intérêts à défendre alors que la veille, les intervenants n’avaient plus à convaincre leur auditoire,Martin Hirsch étant déjà au gouvernement et la réputation de Jack Langn n’étant plus à faire.

jeudi 13 novembre 2008

L'Europe est-elle une idée millénaire ?

Juste avant la conférence inaugurale, une autre intervention a attiré en masse le public et manque de chance je l'avais choisie aussi ... Une fois de plus je fais une queue interminable sans savoir que j'en ferais une pire pour la conférence d'Assia Djebar. Pauvre ignorante que je suis, je m'interroge dans la file d'attente sur la raison de cette affluence, honte à moi, Elie Barnavi connaît pas... Mais dès sa présentation je rougis de mon ignorance. L'intervenant est un ancien diplomate, professeur à l'université de Tel Aviv et surtout le directeur scientifique du musée de l'Europe à Bruxelles. Les chuchotements de mes voisins m'apportent quelques compléments d'information et m'assurent de sa notoriété. 
Il débute son intervention en expliquant qu'il s'est interrogé sur le lien entre la politique, la religion et l'Europe. Il va ainsi d'une façon très intéressante remonter à l'Antiquité et y chercher les origines de l'Europe en tant "qu'association de pays" mais aussi en tant qu'ensemble géographique et culturel. Il décrit ainsi l'apport des différentes civilisations comme autant de couches de sédiments qui ont permis la création de l'Europe. Il évoque fait que pour beaucoup, l'Europe est une idée récente qui est apparue après la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide. Mais il revient très vite à l'Antiquité et dégage quatre piliers de l'Europe : la Grèce, Rome, l'Eglise catholique et les barbares.
 Ainsi, même si les Grecs et les Romains ne se préoccupaient pas de l'identité européenne, ils ont quand même contribué à créer une certaine unité culturelle et géographique. D'autre part le monde romain au moment où ses frontières s'étendaient le plus loin, recouvrait une grade partie de l'Europe actuelle. Il en est de même avec l'Eglise Catholique qui a entraîné une certaine unité culturelle et géographique . Le monde catholique correspondait lui aussi à une bonne partie de ce que nous considérons actuellement comme l'Europe. L'idée de l'Europe n'était alors peut-être pas un objectif mais elle existait déjà. Ainsi par exemple Charlemagne était appelé "le roi père de l'Europe" par son biographe. Il insiste ensuite sur l'importance de la distinction du culturel et du spirituel. Au Moyen-Age, l'Europe est un espace culturel délimité par les grandes universités. L'Europe naît en grande partie par opposition à l'Empire Romain de l'est, Byzance et après le schisme de 1054 chrétienté et Europe se superposent. A partir de cette époque on constate que les grandes crises affectent peu l'unité culturelle de l'Europe. Au XIVe siècle les élites perçoivent l'intérêt de cette Europe notamment vis à vis de la menace turque. Puis progressivement on voit toutes les élites s'intéresser à la question européenne et faire des propositions d'organisation fédérale ou confédérale de l'Europe. Sully par exemple parlera de "la République très chrétienne d'Europe", Richelieu et Mazarin s'y intéresserons aussi de très près et ce phénomène s'accélérera au XIXe et XX e siècles. 
Tout l'intérêt de cette conférence a été de montrer à quel point l'idée d'Europe est ancienne, que cela soit conscient ou pas, mais aussi de montrer qu'elle est surtout le fruit d'une identité culturelle forte et aux origines diverses. J'ai beaucoup apprécié cette intervention que j'ai trouvé très claire et plutôt facile d'accès tout en sachant que nous n'avons pas tous la même culture historique. Je trouve cette clarté essentielle dans le cadre des Rendez-Vous de l'Histoire qui ont un but de démocratisation et de vulgarisation. Il est très agréable pour le public que les pointures de l'Histoire se mettent au niveau du commun des mortels.

La parole de séverine et Renaud sur la préparation de l'émission

Renaud Dalmar et Séverine : « Il est plus facile d’avoir quatre à cinq semaines pour préparer les sujets, mais parfois beaucoup moins comme pour la crise où c’est du jour au lendemain. On a la partie enregistrement sur laquelle on peut passer 3 à 5 jours et c’est sans compter la partie recherche où le producteur cherche et oriente le sujet. Ensuite une fois le sujet défini c’est le travail avec le chargé de réalisation qui indique sous quelle forme peut être envisagé le sujet. Le boulot du réalisateur est de traduire l’idée du producteur en forme radiophonique car il y a un gros travail d’enregistrement, de montage, travail du son. »

La fabrique de l’histoire et les rendez-vous de l’histoire :

Emmanuel Laurentin : « La première année des Rendez-Vous de lHhistoire, nous n’étions pas présents pour deux raisons. Nous allions au festival du cinéma historique de Pessac à l’époque beaucoup plus connu que les rendez-vous de l’histoire. De plus un accord avait été passé entre les organisateurs des rendez vous de l’histoire et France Inter. Mais des personnes de France Culture dépêchées sur cet événement nous ont confirmé que c’était incontournable pour nous. En effet c’est l’endroit où l’on peut rencontrer notre public, celui de la fabrique et de France Culture. On peut éventuellement grossir leur rang. »

Question : Sur le site internet apparaît un mini programme des rendez vous de l’histoire. Est-ce votre sélection ?
Emanuel Laurentin : « Ce programme et toutes les informations sur les rendez vous de l’histoire émanent de la rédaction même du site internet. Ils ont demandé aux historiens du groupe d’écrire un texte court sur « Comment êtes vous devenus historiens. » Moi j’ai écrit un texte sur le thème « comment ne suis-je pas devenu historien. » »

Les médias, France culture et l’histoire :

Une de nos interrogations s’est portée sur le rapport entre l’Histoire et le média radio. On s’est demandé si la radio apparaissait aux yeux d’Emmanuel Laurentin comme le meilleur moyen de diffuser l’Histoire. Pour lui l’avantage de ce média se porte surtout sur la relation entre l’auditeur et l’animateur. En effet c’est plus confidentiel, on fait jouer l’imaginaire des auditeurs. De plus la radio permet une liberté que ne laisse pas par exemple la télé, cette liberté elle vient de l’absence de l’image. L’image devient centrale même à la radio avec le développement des sites internet. On observe une grosse demande de la part des auditeurs pour que des images soient mises en ligne. L’équipe et un peu réticente, ce n’est pas dans leur optique. Mais la Fabrique n’est pas pour autant totalement archaïque grâce au développement du Podcast. Au sein de France Culture on croyait que les émissions courtes allaient être les plus téléchargées. Le fait est que ce sont les plus longues qui en bénéficient le plus comme 2000 ans d’histoire, et la fabrique apparaît dans les dix premières parmi les plus téléchargées. Ceci montre la volonté du public d’écouter cette émission.
L’équipe reste très intéressée par le multimédia, elle a de nombreuses idées pour compléter l’émission mais pour le moment ce sont des restrictions de budgets qui bloquent un peu.

Qui sont les auditeurs de la « Fabrique »:

Emmanuel Laurentin : « la fabrique c’est l’endroit où l’on rend compte des préoccupations des chercheurs auprès d’un public non connaisseur d’histoire, non spécialisé. Nous voulons raccourcir le cycle. Il faut attendre longtemps pour qu’une notion sorte des labos et soit offerte aux publics. On essaie de raccourcir ce cycle entre l’élaboration de l’idée et le moment où elle est communiquée au public […] On tente de diversifier notre public notamment en diversifiant nos formes d’émission. On sait que le public de France Culture est un public particulier. Mais l’exemple du mercredi montre que cette forme convient à un public de non initiés. »

Renaud Dalmar : « Il arrive parfois que nous intervenions en tant que premières oreilles pour signifier aux historiens que leur discussion est inaudible ou alors pour 5 personnes en France. »

Les historiens invités de la Fabrique;

Les intervenants : les historiens :
Renaud Dalmare : « Les historiens sont très excités de venir parler de l’actualité en se servant de leur matière. »
Les contraintes de l’émission imposent aux historiens invités de passer correctement au micro. Le choix des historiens sinon se fait en fonction des liens entretenus par les productrices-historiennes avec leurs Universités d’origine et leurs anciens professeurs. Il existe aussi des liens particuliers qui se sont développés avec certains historiens lors des émissions et qui deviennent parfois des conseillers. La place est largement faite aux nouveaux titulaires du Doctorat et aux doctorants.
Le manque de disponibilité des historiens est une contrainte supplémentaire et les duplex restent rarement utilisés.
La Fabrique a la vocation de laisser la place à tout historien, avec l’idée de mettre en avant les débats historiographiques.
L’équipe reste réticente à se faire imposer les sujets d’émissions en fonction de la sortie de nouveaux ouvrages ; ils veulent garder la maitrise de leur programmation.
Il parait intéressant de signaler la présence dans cette émission de témoins. Ces derniers sont invités en l’absence d’historiens. C’est une volonté éditoriale qui refuse les débats fermés imposés par ces deux catégories de personnes qui ont chacune leur regard sur l’histoire. Le témoin a vécu cette période de l’histoire, l’historien l’analyse par des documents, témoignages en procédant par des recoupements. Dans cette optique on peut se demander quelle place est laissée à la mémoire dans l’Histoire. De toute façon le témoin a sa place dans l’émission de la fabrique et il permet à l’auditeur d’entrer dans le sujet de façon moins abrupte que l’historiographie par exemple.

- Etude conjointe de la place des historiens à la radio et dans la presse quotidienne‏ -

L’interview avec Emmanuel Laurentin m’a permis, ayant eu l’opportunité de me rendre au journal libération pour suivre la rédaction du journal spécial consacré aux historiens, de comparer l’intervention des historiens dans les différents médias que sont la radio et la presse quotidienne. Pour les deux, les animateurs font appel aux historiens soit pour qu’ils interviennent en rédigeant des articles ou étant interviewés, soit pour éclairer quelques points de l’actualité. Même si dans l’émission d’Emmanuel Laurentin l’actualité n’est pas l’élément fondamental, les archives sonores servent à appuyer les thèses des intervenants. Dans les deux médias, les références à l’histoire permettent de crédibiliser et d’appuyer mais également d’expliquer et d’approfondir les sujets et thèses abordées. D’autre part, dans les deux médias, il faut que les historiens s’adaptent à la technologie grâce à laquelle ils interviennent. Dans un cas, l’historien doit s’exprimer de façon claire, précise et succincte à l’oral, dans l’autre de façon claire, précise et succincte mais à l’écrit. La forme n’est donc pas la même mais les contraintes de fond le sont.
Bien que dans les deux cas la place, concrétisée par le nombre de caractères ou le temps de parole soit limitée et que cet exercice demande de l’adaptation aux historiens, des numéros spéciaux insistant sur un sujet en particulier peuvent exister. En effet, des pages d’approfondissement sont prévues et des émissions de radio spéciales aussi. De plus, le temps de parole et le nombre de caractères sont illimités sur internet. Les historiens sont donc toujours sollicités mais avec la technologie qu’est Internet, ils peuvent largement s’exprimer avec moins de contrainte de temps et de place.

mercredi 12 novembre 2008

Traces écrites, traces effacées... des exilés en Europe, rencontre avec une "couturière de symboles".





Vendredi 10 Octobre j'étais très motivée pour assister à la conférence inaugurale des Rendez-Vous de l'Histoire bien que cette dernière soit (avec celle de Cohn-Bendit) une des plus attendues du festival. Moi, je ne connais pas cette femme mais elle m'intrigue. Le choix du thème de sa conférence "Traces écrites, traces effacées... des exilés en Europe", l'Europe vue pas les immigrés m'a paru un choix très intéressant alors que les questions d'immigration sont au coeur des débats partout en Europe et particulièrement en France. Je me suis donc un peu intéressée à sa biographie et je me suis lancée dans la file d'attente interminable. 
Tout le monde se presse et se bouscule, on chuchote à propos de l'interlocutrice dans les gradins, les appareils  photos sont de sortie, le voilà notre festival de Cannes de l'Histoire! Mais tout à coup la foule s'apaise, un homme intervient pour annoncer la remise du prix de l'initiative laïque décerné par les assureurs partenaires de l'événement : la MAIF, la MGEN et la CASDEN. Ce prix vise à récompenser les initiatives en tout genre qui permettent la diffusion et la préservation de la laïcité. Et c'est une compagnie de théâtre alsacienne qui fut récompensée cette fois là, "Mémoire Vive". Le prix est remis à son directeur qui par un bref discours nous explique le but de son action. Cette compagnie souhaite à travers le théâtre rendre hommage aux oubliés de l'Histoire et cela par un dialogue interculturel. Leur dernière pièce est un triptyque autour de l'Histoire coloniale. Cette initiative est saluée par des applaudissements puis le brouhaha recommence.
Mais une fois de plus le silence se fait mais cette fois d'une façon plus marquée, plus solennelle. Assia Djebar vient d'entrer. C'est une dame âgée qui porte sur elle tout ce qu'elle a traversé. Il se dégage d'elle une grande force et une grande intelligence qui impose le respect et le silence à l'hémicycle. Un homme (que je n'ai pu identifier) nous la présente et fait l'éloge de sa carrière d'écrivaine et d'enseignante puis, elle commence.
Elle nous parle du déchirement des gens écartelés entre leur langue maternelle et ce qu'elle appelle la langue "d'hospitalité". Et elle est bien placée pour en parler et elle va se servir de son histoire personnelle et de son expérience, elle la Berbère qui a appris le français à l'école. C'est ainsi qu'elle a appelé son intervention "D'Europe, moi l'étrangère". Elle se d'écrit alors comme une "couturière de symboles" qui a en quelque sorte le devoir de transmettre certaines histoires. Et elle va nous en raconter beaucoup tout au long de son intervention, la ponctuant d'anecdotes glanées un peu partout au travers de ses nombreuses actions. Elle évoque par exemple cette chauffeuse de taxi turque venue en France pour apprendre une langue qui la faisait rêver. Elle nous parle de ces mères immigrées en Europe qui garde leur coeur tourné vers le sud et elle les appelle "les vigies du sud". Elle décrit aussi la tristesse de certaines filles d'immigrées qui ne rêvent que de retourner dans leur pays natal tellement le déchirement est insoutenable. Elle nous décrit parfaitement ce qui divise les générations : les immigrés, leurs enfants, leurs petits-enfants. Elle s'appuie sur ses rencontres avec des femmes immigrées partout en France mais aussi sur des rencontres faites aux USA où elle a vécu et enseigné. Elle parle aussi avec son coeur et son histoire.
Cette femme paraît avoir vécu mille vies et avoir compris beaucoup de choses. J'ai été particulièrement touchée par sa conférence d'où il a émané une certaine sagesse et un message d'espoir en prouvant que l'on peut aimer à la fois sa culture maternelle mais aussi sa culture d'adoption. C'est d'ailleurs pourquoi cette écrivaine écrit aussi bien en berbère qu'en français, faisant ainsi une sorte de trait d'union entre les deux cultures.
M-M H


Ici et là. Dîners historiques, une rencontre avec le chef du Monarque.

Tous les ans à l’occasion des Rendez-vous de l’Histoire, divers restaurants de la ville de Blois organisent, en étroite collaboration avec le comité organisateur, des repas en lien direct avec le thème de l’année. Ainsi, on eu lieu des festins réunissant historiens, public et simples habitués des lieux.

Nous avons rencontré le chef de l’Hôtel-Restaurant Le Monarque qui nous a raconté avec plaisir comment se mettent en place ces dîners historiques.
Le thème de chaque Menu est défini par chaque restaurant avec l’aide du comité qui aiguille puis valide le choix. Ici, c’est Jacques Brel et donc la Belgique qui sont à l’honneur.
Pourquoi ce thème ?
Aujourd’hui, la Belgique connaît une période mouvementée où l’appartenance à un seul et même pays est totalement remise en cause. L’appartenance à l’Europe devient alors problématique et choisir ce thème se comprend alors parfaitement.
Sans avoir la prétention de résoudre un tel problème, le chef décide de préparer des petits plats typiques de Belgique aux noms étranges qui mettent l’eau à la bouche. Les chicons interpellent et ne sont en tout et pour tout que des endives. Mais ce nom original à fait son œuvre ! Et le Waterzooi, ragoût de poulet aux légumes, originaire de Gand en Flandre, inspire tous les estomacs affamés.
Ainsi, le restaurant s’affiche au couleur de la Belgique et propose toute une ambiance à la Jacques Brel….affiches de films, chansons connues et moins connues, et une projection sur un mur de Brel en concert.
Alors, si vous étiez à Blois vous avez ou vous auriez dû manger avec le grand Brel.

mardi 11 novembre 2008

Les Rendez Vous de l'Histoire, l'Histoire mise en lumière et vue sous un autre jour.

Pour tous les professionnels de l'Histoire, historiens, professeurs ou encore journalistes, les Rendez-Vous de l'Histoire de Blois sont LE moment de l'année où l'Histoire est sous le feux des projecteurs. Le journaliste Emmanuel Laurentin l'a très bien exprimé en qualifiant cet événement de "festival de Cannes" de l'Histoire. Ainsi, cette matière souvent considérée comme poussiéreuse et assimilée par la plupart des gens au milieu scolaire, a la possibilité pendant quatre jours de montrer à quel point elle est au plus près de l'actualité et qu'elle est, elle aussi, à la pointe de la modernité.
L'Histoire ne se réduit alors plus à des listes de dates interminables et à des noms oubliés depuis longtemps, mais s'étend au cinéma, à la littérature et même à l'informatique! C'est cette diversité des domaines dans lesquelles l'Histoire apparaît que le festival de Blois nous propose de découvrir pour se débarrasser des clichés. On découvre ainsi que l'Histoire est présente sur internet. Un atelier pédagogique sur le thème du multimedia  a montré que les professeurs se tournent de plus en plus vers le numérique pour enseigner l'Histoire. Les ordinateurs mis à la disposition du public dans le salon du livre ont permis de consulter et de faire découvrir les nombreux sites internet spécialisés dans le domaine historique.
C'est dans ce même Salon du livre que l'on nous présente une histoire racontée à travers la littérature et les romans historiques. L'Histoire écrite ce n'est pas que des essais historiques, c'est aussi des romans ou encore des livres pour enfants. La littérature historique destinée aux enfants est très importantes pour la diffusion et la vulgarisation des savoirs historiques. Le salon du livre d'histoire du festival laisse une grande place à la littérature de jeunesse (qui trône au milieu du salon du livre) et ouvre même ses portes à la bande dessinée.
Le cycle cinéma nous montre lui aussi à sa façon que l'Histoire est vivante et peut s'adresser à un large public. L'Histoire est racontée, illustrée et parfois même reconstituée pour mieux être expliquée. Le cinéma tout comme la littérature ou l'informatique est un moyen de diffuser et de vulgariser l'Histoire. C'est en grande partie pour cela que le Festival possède cette dimension de démocratisation de la science historique en la faisant sortir des livres et des manuels et en la faisant entrer dans la vie quotidienne moderne. L'Histoire apparaît alors comme une matière ludique et universelle qui peut s'adresser à tous à travers divers moyens.
Mais le festival de Blois permet aussi de mettre en valeur le travail des historiens et de mettre à mal le cliché du vieil historien barbu et solitaire, vivant au milieu de ses vieux papiers. On y rencontre de jeunes chercheurs motivés, des historiens expatriés à l'étrangers ou encore de grands noms de la recherche historique qui sont la preuve d'une recherche dynamique. C'est une des particularités du festival que de mettre en valeur la nouvelle génération de chercheur et de sensibiliser le public à l'actualité des recherches historiques.
Il semble donc que le festival atteint la plupart des objectifs qu'il s'était fixé (vulgarisation, démocratisation, information ...) grâce à ses nombreuses conférences mais surtout à la diversité des activités qu'il propose. Il donne ainsi une image dynamique de l'Histoire et donne de l'espoir à ceux qui souhaite faire de cette matière leur profession. Plutôt qu'un festival de Cannes qui sous entendrait qu'il ne soit uniquement consacré à des stars de l'Histoire, il serait plutôt une sorte de vitrine vivante des tendances de l'actualité historique.

jeudi 6 novembre 2008

Vendredi 10.11 : Quelque part dans la Bibliothèque municipale Abbé-
Grégoire de Blois. . . .
Tête à Tête avec Valérie Hannin . . .


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Valérie Hannin est la Rédactrice en chef et la Directrice de la rédaction du magazine l'Histoire depuis 7ans. Suite à un stage d'agrégation, et grâce à son intérêt pour l'histoire, le magazine Histoire lui ouvrit ses portes il y a 25 ans de cela.
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Parlons à présent du magazine . . .
« L'originalité de l'Histoire, c'est le fait qu'elle soit à la fois une revue et un magazine. C'est une revue, parce que les articles sont signés par des universitaires et des chercheurs à 85 – 90%.
Cependant la vocation de l'Histoire s'est d'être un magazine, un magazine qui est à la fois à la disposition des étudiants, des historiens, des enseignants, mais également des personnes qui aiment l'histoire en tant qu'amateurs.
Certes, ce n'est pas une revue facile à lire, certaines personnes abandonnent parce qu'elle est quelque peu difficile. C'est pour cela qu'on cherche à mettre en relation l'histoire et le public, en proposant des sujets demandés par nos lecteurs. Voici le but de l'Histoire, et c'est ainsi depuis sa création en 1978. »


Comment le sujet est-il choisi?
« On les choisit à la charnière de l'offre et de la demande. C'est-à-dire, une offre universitaire que l'on doit prendre en compte. Ensuite notre rôle est de faire caisse de résonance de débat public, comme par exemple la guerre de14-18, ou alors un débat historiographique. Si c'est un moment donné, comme les questions du monde sur l'Islam, nous traiterons de l'Islam. Dans ce cas nous répondons à une demande sociale. C'est également le cas pour les anniversaires, effectivement ce sujet peut paraître récurrent, mais nous ne pouvons pas nous permettre d'oublier que le public rajeunit, il y aura toujours des personnes qui souhaiteront qu'on les « ravitaille » de tous ces témoignages.
Nous prenons en compte la demande du public qui se renouvelle et puis l'actualité. En 25 ans à l'Histoire, j'ai vu de nombreuses choses changer. Lorsqu'on traite de l'histoire en tenant compte de son renouvellement et du renouvellement de notre questionnaire, ce n'est jamais pareil, donnons pour exemple le sujet du communisme avant et après la chute du mur. »

Le magazine et son équipe . . .
« Depuis le début, il y a un comité de rédaction réuni une à deux fois par mois, le vendredi matin, et nous discutons des sujets. Enfin, pas de tous les sujets, mais les thèmes, les thèmes des numéros spéciaux, ou les dossiers. C'est donc un comité de rédaction scientifique, il y a quelques journalistes, mais également des universitaires que l'on reçoit, on discute, et on commande les articles. »

Le magazine et son réseau . . .
« On compte plus de 1200 noms dans notre index. Il y en a qui ont fait 60 articles, et d'autres qu'un seul. Mais notre but c'est de varier.
Nous sommes entourés d'un réseau actif, cela permet de demander des conseils, des avis, notamment auprès des historiens qui participent à un grand nombre de compte-rendu, tel que les critiques de livres.
La fierté, c'est d'être à l'affût de gens nouveaux, de les rencontrer. Bien sûr, il faut tirer les bonnes ficelles, parfois ce n'est pas évident. Et puis lorsqu'on tombe sur les bons, on peut obtenir des nouvelles personnes. Cela peut-être des jeunes, ou des gens de 60-70ans, à
qui nous avons jamais demandé d'écrire. Mais la plupart des personnes de notre liste, ce sont des parrains prestigieux. »


Et le lecteur dans tout cela . . .
« Le magazine a pour but de rendre un discours attrayant. On ne souhaite pas publier un article parce que c'est une thèse de tel auteur, il faut essentiellement que ça plaise aux lecteurs.
On publie un article parce que ce que vous avez à dire répond à une curiosité, et à une demande susceptibles d'intéresser les gens. Il ne sont pas payés pour lire, mais payent pour lire. Payer pour lire quelque chose qui est intéressant. Il faut que cela soit compréhensible, pour le lecteur, voilà notre but premier.

Le magazine et l'image . . .

« La place de l'image dans notre magazine est primordiale. Une fois que l'universitaire a fait son travail de pédagogie, c'est à ce moment là que nous intervenons, en intégrant des images accrocheuses pour le public. C'est ce que l'on appelle la mise en scène.
Pour que l'image ai un impact auprès des lecteurs, il faut nous mêmes qu'on les comprenne, et donc si on les comprend, les autres les comprendront également.
Notre travail est d'intégrer l'iconographie, les légendes, qui sont rarement proposées par les auteurs. Nous utilisons également un grand nombre de cartes, mais elles sont parfois incompréhensibles, c'est pour cela que nous travaillons depuis 15 ans avec un cartographe.
Le but est simple, on n'utilise simplement pas les images comme une illustration, mais comme un document, (que l'on doit commenter).
Cela fait quand même plaisir visuellement, mais l'importance est qu'elle soit accrocheuse. Si le sujet et l'image sont accrocheurs, il y aura davantage une diffusion du savoir.
L'image est une information brute sur la représentation, elle est primordiale, car elle permet de s'intégrer dans une conscience collective.
Aujourd'hui, les inconvénients sont les limites qu'occasionnent Internet, par le manque de place, les images qui ne sont pas animées, et puis les droits et le papier restent cependant assez cher. »

L'Histoire vs Historia . . .
« On a été créés en 1978, et acheté par une grande ''Holding Artémis'', dans laquelle il y avait déjà Historia. Notre situation est assez singulière, car nous travaillons dans la même maison, mais la politique c'est que l'on ne se connaît pas. Il nous est arrivé que l'on fasse le même sujet, notamment les anniversaires. Ils sont connus, et touchent un très large public. Nous sommes bien évidemment en concurrence, mais chacun fait son travail et nous gardons une très bonne entente. »

Vos liens avec les Rendez-vous de l'Histoire . . .
« J'ai été appelée lorsque le festival a fait ses débuts. Le magazine et le festival sont partenaires, ils sont exactement sur le même concept de l'histoire.
C'est un rendez-vous très pédagogique, il y a tous les ingrédients pour devenir un véritable grand événement culturel.
On est là depuis le début, et on adore ça. »

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C'était Valérie Hannin, et la présentation du magazine de l'Histoire.
Encore un grand merci pour nous avoir accordé un peu de son temps.

*
Carmen.

mercredi 5 novembre 2008

Les sujets de l'émission

Dans les débuts de l’émission les sujets traités portaient sur des grandes thématiques imposées par l’équipe des historiens. Cet agenda correspondait au questionnement personnel de l’équipe. Ensuite par une volonté du groupe et appuyé par le public ils se sont tournés vers le commentaire de l’actualité. Le plaisir de coller au plus près de l’événement impose parfois de changer les sujets la veille pour le lendemain. Le meilleur exemple reste la crise économique, qui vient chambouler les thèmes de la semaine du 13 Octobre : « on a envie d’entendre quelque chose sur la crise. Alors sans tomber dans le catastrophisme on fait une émission sur ce sujet en évoquant les bagarres entre les banques vénitiennes et florentines au XVIe siècle, la légitimité de parler de crise dans l’Antiquité…. » affirme Emmanuel Laurentin. Ce changement vient de l’équipe qui souhaite proposer des thèmes qui répondent aux attentes de l’auditeur.
Il reste les sujets dit « marronniers » qui peuvent paraitre pesants à traiter , le travail est de les rendre toujours attrayant en trouvant un nouvel angle d’approche ou en se posant des questions qui donnent un nouveau sens, ce sont de « bonnes questions ».
En fait la raison d’exister d’une émission c’est aussi de parler de ce qui intéresse les auditeurs dans la société actuelle. Dans cette même optique il est difficile de captiver le public pour d’autres sujets que le XXe siècle. Dans ce cas une des solutions est de rendre l’émission la moins ennuyeuse possible aux oreilles des auditeurs. De plus en plus ils casent les semaines, font des semaines spéciales et cela explique la diversité de forme que prend l’émission.

Le choix de la forme de l'émission de la Fabrique de l'histoire

Emmanuel Laurentin : « On est une émission dans laquelle la forme radiophonique a une importance. Comme vous avez pu le voir chacun des modules de la semaine est différent du précédent et du suivant par sa forme. Le lundi : le grand entretien, le mardi : le documentaire où les réalisateurs on un rôle important, le Mercredi : choix d’archives inédites le plus souvent, le Jeudi un grand débat et le vendredi pour les chroniques sur l’actualité et l’historiographie. La diversité de ses formes permet au réalisateur et au producteur d’avoir une alternative, de pouvoir faire des modifications du traitement du sujet, ce qui oblige à faire des gymnastiques intellectuelles pour savoir si tel sujet va plus sous telle forme ou telle autre. »

mardi 4 novembre 2008

"qu'est ce qu'une vraie réforme?": compte rendu

Sur un sujet politique comme celui là, deux hommes politiques ainsi
que deux historiens étaient invités à discuter. Jean Philippe Genet,
un des historiens, a pris la parole en premier pour définir ce
qu’était une réforme, étymologiquement et historiquement. Les trois
autres intervenant ont successivement pris la parole ensuite pour
donner leur définition de la réforme.
Les deux hommes politiques invités ont tenté de défendre et de faire
valoir leurs réformes, plus ou moins récentes ; le RSA pour Martin
Hirsh et le prix unique du livre pour Jack Lang, comme des réformes et
non pas des réformettes. Les deux historiens avaient quant à eux,
comme souvent dans les questions d’actualité, le pouvoir d’approuver
et d’appuyer les exemples et idées développées par des références
historiques.
Le débat s’est clos par une conclusion très juste selon laquelle il
n’est pas du ressort du politique qui fait la réforme de dire qu’elle
sera une réforme ou une réformette. Ce pouvoir incombe à la seule
société qui l’acceptera réellement ou non et la mettra en oeuvre ou
non. Même si certains autres éléments sont à prendre en compte comme
la fenêtre d’opportunité que le politique guette pour réformer, c’est
la société et le peuple qui a le dernier mot sur l’efficacité et le
poids d’une réforme. Ces affirmations ayant été formulées par des
hommes politiques que l’on pourrait « d’hommes sur le terrain », des
historiens qui sont vus comme des hommes de référence qui
réfléchissent intelligemment sur les questions actuelles avec l’aide
de leurs références historiques et par moi, étudiante lambda,
citoyenne, ces affirmations peuvent donc être vues comme réalistes et
véritables. N’est ce pas ?

Compte rendu personnel de la rencontre d'historiens au journal Libération

Pour quatre jeunes étudiants comme nous l'étions, cette journée passée
à Libération a été vécue, du moins en ce qui me concerne, comme un
véritable privilège. La possibilité de voir comment se rédige un
quotidien, d'entrer dans les coulisses de sa mise en forme et de
pouvoir discuter avec ses auteurs a été très enrichissant.
Bien que cette édition ait été spéciale, l'élaboration du journal
reste la même, ainsi que les bureaux, les journalistes et l'ambiance!
Mon a priori sur les journalistes qui était de les voir comme des
gens dynamiques, ouverts et travaillant dans l'urgence, toujours sur
les chapeaux de roues s'est confirmé. Ils m'ont en plus montrée une
grande ouverture d'esprit par leur acceuil de jeunes étudiants tout à
fait novices en matière journalistique puisque deux d'entre nous sont
juristes, une historienne et une autre historienne de l'art ainsi que
d'historiens pour cette édition spéciale. Ils ont laissé à ces
historiens leurs bureaux, chaises et ... plumes!
Les bureaux de ce grand quotidien m'ont un peu surprise de prime abord
avec ce grand "openspace" qui permet à une vingtaine de journalistes
de travailler dans le même bureau. Cet espace non cloisonné donne
naissance à n brouhaha, à un bruit de fond qui rend l'atmosphère trés
décontractée et agréable pour les visiteurs mais probablement beaucoup
moins pour les historiens qui, probablement habitués aux bureaux
individuels ou aux bibliothèques, ont du trouver difficile de ce
concentrer dans de telles conditions.
Notre interview avec Didier Pourquery a été enrichissante et détendue,
rencontrer le directeur adjoint à la redaction d'un des plus grands
quotidiens nationaux n'est pas donné à tout le monde, mais rassurez
vous, nous avons conscience de la faveur qui nous a été accordée!

dimanche 2 novembre 2008

Un coup d'oeil à une communication

Dimanche 12 Octobre 2008.



Alors que la file d’attente devant l’hémicycle de la Halle aux Grains s’amplifie à vue d’œil, bien que le débat ne débute que dans une heure, je me dirige vers une petite salle de l’antenne universitaire, la salle 103. Il est 13H50 et la salle semble désespérément vide. Je m’installe et voit progressivement se remplir quelques chaises. Mous attendrons péniblement le nombre de 15 personnes pour cette communication. Elle nous est proposée par Sébastien Nadot.

Pour certains historiens le sport n’existe pas au Moyen Age sauf George Duby qui l’admet. Le sport passe par la joute qui est la pratique, l’entrainement pour la guerre. Il existe deux formes de joute : l’emprise d’armes et le pas d’arme.

Les premières traces de tournoi apparaissent au XIe siècle, ils prennent beaucoup d’ampleur au XIIe. Ils ont pour objectif de capturer un cheval, ou un homme pour en demander une rançon. Ces rencontres guerrières qui restent très dangereuses vont rencontrer une culture littéraire qui va les orienter sur des combats individuels, on passe dans ce cas à la joute. Il est intéressant de voir que ce passage se retrouve dans toutes les cours d’Europe de l’Ouest. Avec les joutes apparaissent les premiers règlements qui sont reconnus dans toute l’Europe (objectif de la joute : désarçonner ou rompre sa lance sur l’armure). Ainsi se construit une pratique européenne. Cette idée on la retrouve au XIIe avec les chevaliers, errant d’une cour à l’autre pour montrer leur valeur, où le mode de décompte tend à s’uniformiser.

Au XIVe et XV e siècle on voit une évolution des joutes avec des structures, des règlements et la place que va prendre le spectacle. Ces trois éléments peuvent nous permettre de définir finalement un évènement sportif aujourd’hui. Il faut un règlement uniformisé et reconnu, une structure et un peu de spectacle pour attirer l’attention. L’exemple des pas d’armes est révélateur. Il faut défendre un passage, pour cela deux équipes sont faites, une première qui défend et une seconde qui attaque. Cet évènement demande une logistique importante, une organisation. De plus c’est le moment ou se créent des champions qui sont reconnus dans toute les cours. De plus en plus des officiers d’armes se fédèrent pour voir les pratiques s’harmoniser. Les sociétés de joutes en Allemagne ou dans le Nord de la France par exemple, marquent le début du développement d’évènements dont l’organisation devient plus globale, règlementée : objectifs, prix, comptage des points.... Le spectacle prend de plus en plus le pas sur la pratique. Finalement les joutes disparaîtront au XVIIIe siècle avec l’apparition des armes à feu et des nouveaux héros que sont les aventuriers. Malgré ce spectacle la joute reste une pratique sportive et dangereuse, il suffit simplement de penser à Henri II…

Ainsi ces tournois, joutes peuvent paraître comme les prémices de nos championnats européens actuels qui sont reconnus, règlementés et populaires comme pouvaient l’être ceux du moyen Age.

J’ai oublié de parler du public , peu nombreux mais bien présent. Il était composé de professeurs, d’éditeurs (et oui je les ai recroisés sur leur stand), d’étudiants et d’un adolescent de 13 ans. Je me suis demandé si un public si jeune et si peu averti pouvait être réceptif à une telle communication dans une manifestation pouvant apparaître comme élitiste ? Et bien, c’était une expérience concluante car, oui, il avait compris dans l’ensemble l’exposé que lui a proposé S.Nadot. Il n’a pas retenu les mêmes choses que moi mais cela l’a intéressé. N’est ce pas le principal ? Alors même si la file d’attente n’est pas énorme, cela ne veut pas dire qu’un tel sujet soit ennuyeux ou trop « pointu », essayez cela se révèle parfois enrichissant !!!!

Ely

Les débuts de l'émission de la Fabrique de l'Histoire;

Lors de notre entretien du Vendredi 10 Octobre 2008 nous avons rencontré Renaud Dalmar réalisateur, Séverine Liatard, et Emmanuel Laurentin.
Les productrices ont toutes des formations d'historienne, à l’image de Séverine dont la thèse porte sur les femmes et l’histoire intellectuelle. Ces historiennes travaillent en binôme avec des réalisateurs à la préparation et réalisation des sujets de l’émission. Les réalisateurs sont chargés de la mise en forme.
Emmanuel Laurentin est le seul doté d’une double formation de journaliste et Historien. Il fait ses études d’histoire à Poitiers où il se spécialise en Histoire Médiévale. Il se dirige ensuite vers une École de journalisme à Lille d’où il sort diplômé. Il intègre France Culture et se voit chargé de réaliser des sujets divers et variés sous des formats courts. C’est le départ de Francis Gélinet pour France Inter qui lui permet d’accéder à l’animation. En effet grâce à cette opportunité il anime l’émission « l’Histoire en Direct ». En 1999 il crée la « la Fabrique de l’Histoire » dont on fête cette année la dixième saison. Il commence l’émission en hebdomadaire puis en 2004 il passe sur le format d’une quotidienne à 10h00 pour finir sur le créneau de 9H05.