Le mur de Berlin, voilà quel était le sujet de l’exposition proposée dans la maison du Loir-et-cher, dans le cadre des Rendez-Vous de l’Histoire. Si on y pense, l’exposition tombe sous le sens : pourquoi ne pas parler de cet événement, qui nous est encore si contemporain? Le public est plongé dans le contexte de la guerre froide, où Berlin, symbole de la séparation est-ouest, essayait de respirer sous l’oppression politique des grandes puissances soviétique et américaine. On commence le voyage dans le passé, par l’intermédiaire d’un guide pointilleux du détail iconographique (M. Farid Abdelouahab), dès 1944 avec les protocoles de Londres, confirmé à Yalta par la suite, définissant les zones d’occupation de l’Allemagne. 1945 : Berlin est occupée par les chars soviétiques. Des chars d’ailleurs très mal accueillis à coup de pierre, projetées par les Berlinois, qu’ils soient jeunes ou vieux…. Les soviétiques ne devaient pas occuper Berlin ! C’est ce qu’on pouvait ressentir en regardant les visages, les yeux de la population pleins de haine - et de peur. L’exposition a choisi
de mettre en lumière la vie de la population qui a subi cette séparation.
Colère, joie, tristesse, déchirements, pleurs… on pouvait partager toutes ces émotions par le biais de ces images, aussi marquantes les unes que les autres. Que se soit une photographie de deux personnes âgées recherchant, par le biais de jumelles, leurs enfants et petits enfants. Que se soit une famille entière perchée à un lampadaire pour saluer ou plutôt dire au revoir à leur famille de l’autre côté de la frontière. Que se soit aussi les photographies de propagande, saluant le plan Marshall, illustrant de manière trafiquée un avion américain livrant nourriture et autres choses à la population berlinoise, placée du mauvais côté de la frontière. Pourquoi trafiquée? Parce qu’après analyse, comme le montrait notre guide, si on observait le regard des gens placés sur une sorte de petite colline, et qu’on observait la position de l’avion, on remarquait très nettement que les yeux n’étaient pas fixés dans ce sens. Comme si l’avion n’existait pas ou que la population était blasée de ces aller-retour aéronautiques. Mais comment le pouvait-elle si l’avion en question venait leur apporter de la nourriture pour vivre? La solution se traduisait tout simplement par un coup de génie de la politique américaine, en superposant image (l’avion) sur image (le paysage en ruine avec la population). De surcroît, nous étions devant une superbe propagande bien ficelée, puisque des années après même devant l’image un public, même averti n’y aurait vu que du feu! Bravo Monsieur le guide. Toutefois, cette époque était annonciatrice de tensions et de négociations : c’est aussi pourquoi ce mur qualifié « de la honte » a été construit. Et à quel prix? Les berlinois de l’Est étaient invités par l’armée soviétique à construire le mur de leur déchéance. On imagine cela en regardant les visages des maçons allemands, honteux de faire cela, mais obligés par le simple fait de vouloir vivre. D’ailleurs une photographie des plus choquantes, nous dresse la fin tragique, d’un maçon qui voulait profiter de sa situation pour traverser de manière furtive la frontière est-ouest, mais ceci s’était sans compter sur les gardes soviétiques aux aguets. La fin tragique de cet homme a été photographiée et nous donne un spectacle barbare. L’homme gisant au pied du mur, criblé de balles soviétiques, et où personne n’accourt pour le secourir. La réalité rattrapait la fiction pour le spectateur à ce moment là. Enfin, le mur de Berlin est aussi célèbre pour sa chute. Et là, les photographies fusaient, accompagnées de bandes sons et d’images… comme une explosion de joie à laquelle le public était convié. A tel point que l’on pouvait remarquer les yeux pétillants et les esquisses de sourire sur le visage des spectateurs ayant vécu cet événement. La communion était parfaite entre le public et l’œuvre d’art. De sorte que le guide avait réussi son pari, celui de faire voyager le public vingt ans en arrière à travers la vie de la population qui a souffert de ce mur de la honte. De surcroît, on a beau avoir vingt ans, trente ans, cinquante ans ou quatre-vingts ans, le mur de Berlin reste une référence historique, nous rappelant qu’il n’y a pas si longtemps, avant l’Union Européenne, l’Europe était à ce point déchirée et aujourd’hui, vingt plus tard nous en sommes tous plus ou moins affectés … Encore une fois merci et bravo M. Farid Abdelouahab pour ce voyage ludique et plein de valeurs.
Maison Albin
lundi 15 décembre 2008
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