Le sujet dans cette conférence était de savoir ce qu’est une bonne réforme, une vraie réforme, une réforme efficace… Pour aborder ce thème, quel meilleur endroit que la maison de la magie à Blois ! Dans un vrai théâtre, où les acteurs étaient politiciens et historiens, où les questions étaient parfois véritables, souvent rhétoriques. Je m’attarderai sur l’aspect critique. Après une description plus ou moins nécessaire des protagonistes [M. Lang, M. Hirsch, M. Prou…], le débat était lancé : « qu’est-ce qu’une vraie réforme? » Tout d’abord, il fallait partir de la genèse de la procédure réformatrice; à de quel moment devons-nous faire une réforme? La réponse unanime : « la situation de crise!» Mais faut-il attendre une telle crise pour agir? La prévention avait-elle un sens dans ce débat? On avait beau pencher l’oreille vers la scène, aucune place dans les propos échangés à l’idée d’une réforme préventive! A ce titre, la réforme suppose « une situation de force » [pour reprendre les mots de M. Lang], plutôt qu’une situation de crise. De force, parce que la société la rend impérative, si l’on comprend bien les choses. Et c’est à ce moment qu’entraient en jeu les historiens, en ce qu’ils nous ont donné la définition de la réforme dans l’évolution de la société. D’après eux, on peut voir le mot réforme dans trois époques distinctes : l’époque médiévale, l’époque des révolutionnaires, et aujourd’hui. De surcroît, dans l’époque médiévale, on imagine le roi qui pose les termes de sa réforme, un point c’est tout… Mais le mot réforme n’avait pas ce sens politique qu’on lui attribue aujourd’hui. On peut le définir de deux façons : soit une transformation casuelle, soit le fait de rembourser ses dettes. Apparemment, la réforme était intégralement dénuée de son sens politique à cette époque. Dans le cadre de la Révolution, la réforme était portée par les réformistes souvent contre l’idée de société définie par les révolutionnaires. Même si les deux parties souhaitaient toutes deux une réforme de la société, qu’elle soit progressive ou immédiate. A ce moment [le XIXème siècle], il apparaît que le mot a un rapport plus étroit avec la politique. Enfin. De sorte que la vision que nous avons de la réforme est toute jeunette, quand on pense qu’elle prend tout son sens, il y a deux siècles. Mais justement à quoi sert- elle aujourd’hui? Comme nous le soulignons tout à l’heure, elle est utile à la société mais surtout au corps politique en temps de crise. Ainsi, la crise économique que le monde connaît aujourd’hui suppose une réforme au plus vite. Comme si l’urgence justifiait la pratique. D’ailleurs comme le disait M. Prou on use de la réforme « généralement quand tout va mal ». Mais une question apparaît : quelle est le degré de la réforme? A cette question, les acteurs du débat nous proposent la réforme en trois temps : la réformette, la réforme de structure, et la réforme opportuniste. Réformette en ce qu’elle ne change qu’un seul élément et non le dispositif en entier. Comme si cet élément était le grain sable dans la machine, de sorte qu’il faut le souffler pour que le rouage fonctionne correctement. Une réforme de structure, donc l’inverse de la précédente, ou c’est tout le mécanisme qui doit être changé pour que la société fonctionne comme avant. Mais que ce passe t-il quand la société rejette cette réforme, un peu à l’image d’un corps qui rejette une greffe du cœur? Si les acteurs sociaux - c’est-à-dire « nous » - refusent cette réforme, quel est l’intérêt du corps politique de mener un réforme ? De plus, la société semble décider de l’avenir de la réforme, semble la seule en droit de qualifier cette dernière de vraie ou de fausse! Enfin, la réforme peut-être « une fenêtre d’opportuniste », en ce que les politiciens jouent sur les délais [avant ou après des élections politiques par exemple], à l’instar du Front Populaire en 1936. Ainsi, soit la réforme passe, soit il est trop tard! Parce que si nous sommes face à ce moment fâcheux, que nous qualifierons de « fin de délai », l’opinion publique peut très bien être contre la réforme (ne pas être d’accord) ou alors un élément peut contraindre cette volonté de réformer : un fait extérieur (exemple : de nouvelles élections). Toutefois, on peut accorder aux politiciens un certain courage politique mais surtout une réelle exigence de convictions, en ce qu’il faut constamment qu’ils se confrontent à l’opinion publique, qui peut très bien aller dans le sens de cette réforme ou au contraire peut la dénigrer. C’est ce qu’on a pu constater, à titre indicatif, pour la réforme tendant à abolir la peine de mort, ou l’opinion du corps politique se heurtait à celle de la société en générale. Néanmoins, si la société semble être l’élément important pour qualifier telle ou telle réforme de vraie et efficace, le silence apparaît aussi comme un ennemi de cette réforme, tout ceci pour dire in fine que le débat public est indispensable.
Maison Albin
lundi 15 décembre 2008
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